Le phoque interdit définitivement dans l'UE?
Le véritable nerf de cette guerre interminable, entre chasseurs et défenseurs des droits des animaux, repose sur la méthode de chasse utilisée; d’ailleurs, si l’Union européenne cherche à établir un embargo complet, c’est pour dénoncer cette pratique. L’utilisation de l’agapik, un gourdin muni d’un crochet servant à faire éclater la boîte cranienne de l’animal, est dénoncée par les animalistes pour son côté “barbare”. Pourtant, du côté du ministère des Pêches et Océans du Canada, on assure qu’il a été clairement prouvé que la méthode utilisée est la plus « humaine » possible pour le phoque; celui-ci serait assommé sur le coup, et ce n’est qu’une fois assuré qu’il est inconscient que le chasseur peut lui trancher les artères et le dépecer. Un fait contesté par certains organismes, tel le Fonds international pour la protection des animaux, qui affirme qu’une recherche faite par des vétérinaires indépendants démontre qu’à l’examen des carcasses, 42% des phoques étaient toujours vivants lors du dépeçage.
L’organisme soutient également que le quota de cette année risque de réduire la population de phoques de 30%. Pourtant, depuis les années 70, le nombre de phoques canadiens a grimpé de 1,8 à 5,5 millions et les quotas ne dépassent pas les 350 000 bêtes. Par ailleurs, cette hausse importante n’est pas sans conséquence; 6 millions de tonnes de poissons sont ingurgités annuellement par les phoques, ce qui crée un débalancement de l’écosystème marin et nuit à la régénérescence des stocks de morues. À titre comparatif, la pêche commerciale s’établit à 1 million de tonne par année.
Cet embargo pourrait finalement faire plus de tort que de bien. Bien que l’industrie de la fourrure soit en chute libre, d’autres produits dérivés du phoque, telle l’huile riche en oméga 3, connaissent un succès important. Les recherches tentent également à démontrer que les valvules cardiaques de phoques sont plus efficaces que les valvules actuelles, utilisées lors des transplantations. De plus, environ 6 000 Canadiens, particulièrement des autochtones, dépendent de cette chasse, qui leur procurent jusqu’à 35% de leur revenu annuel. La crise a d’ailleurs poussé la sénatrice canadienne Céline Hervieux-Payette à présenter, le 23 avril dernier, la Déclaration Universelle sur le prélèvement éthique du phoque, afin de protéger l’industrie et tenter de renverser la décision de l’Union européenne. Un document clé, qui pourrait également fournir d’élément primordial, advenant une contestation judiciaire de l’embargo devant l’OMC.
Mais les craintes pour l’avenir du phoque risque bientôt d’être détournées et ce, bien avant que la chasse ne devienne chose du passé; avec la fonte de la banquise, ce n’est plus le harpon que les animalistes devront craindre pour le pinnipède, mais bien le réchauffement climatique.
Les eurodéputés ont finalement voté à 550 voix contre 49, le 5 mai dernier, en faveur de l’embargo total sur les produits dérivés du phoque. L’interdiction débutera à la prochaine saison de chasse, mais ne touchera pas les communautés inuits du Canada et du Groenland, qui pourront poursuivre leur chasse traditionnelle. Elles ne pourront toutefois plus commercialiser leurs produits à grande échelle dans l’Union européenne.
Le Canada et la Norvège ont déjà annoncé qu’ils allaient contester la décision devant l’OMC.
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