Lutter contre les inégalités sociales en mangeant, un nouveau concept chinois

Toi, citadin middle-class, cadre supérieur, inviterai-tu à diner un campagnard sans le sous ayant délaissé son environnement champêtre pour s’ installer en ceinture de ton territoire à la recherche d’une usine où s’éreinter, dont tu ne connais ni le nom, ni l’histoire ? C’est l’initiative lancée par une jeune chinoise, Yang Pei, face à la situation des travailleurs migrants dans son pays.

La Chine, en forte croissance économique depuis des année, voit son secteur industriel suivre la cadence, augmentant par la même occasion la demande de travailleurs en périphérie des villes. Selon le gouvernement, 8 millions de paysans prennent part chaque année à cet exode rural, à la recherche de travail et d’un meilleur salaire, en sachant qu’en 2011 on dénombrait déjà 153 millions de migrants dans les zones urbaines. De plus en 2010, une étude avançait qu’un autre 9 millions de villageois entrerait dans la danse chaque année pendant les cinq ans à venir tandis que le taux d’urbanisation du pays atteint aujourd’hui 51,27%.

Un système de passeport interne

Cependant, dès le début de la décennie 1950 l’Etat a mis en place un système de passeport interne afin de maîtriser le flux migratoire : le « hukou ». Cet outil oblige un citoyen chinois à travailler dans sa région d’origine. La seule solution légale pour aller travailler ailleurs est alors d’obtenir un permis de résidence temporaire. Si un travailleur fait le choix de passer outre, il tombe dans l’illégalité, faisant ainsi une croix sur sa pension d’Etat, la scolarisation de ses enfants, etc.

Malgré la traditionnelle censure chinoise, cet instrument fait l’objet de vives critiques depuis son apparition et a vu le 1er mars 2010 treize journaux nationaux aligner leur ligne éditoriale, appelant à une réforme sociale . Les journaux dénonçaient les difficultés d’accès aux services de base (santé, éducation…) pour les travailleurs migrants, dus à ce système de permis de résidence. Yao Yang, alors doyen de l’Ecole Nationale du Développement à l’Université de Péking, déclara au Financial Time que cet alignement éditorial était une première en Chine.

“Des citoyens de seconde classe”

Un tel engouement autour de ce débat est compréhensible au vu de la situation actuelle de ces travailleurs. Le Hukou est dénoncé comme étant un système faisant des travailleurs migrants des citoyens de seconde classe. Ainsi, dans un rapport parut en 2011 dans Reform Magazine, un think tank chinois écrit : « En ville, les travailleurs migrants ruraux sont marginalisés, traités comme de la main d’œuvre bon marché, pas intégrés par les villes mais plutôt rejetés ». Pourtant, près de 90% d’entre eux souhaitent s’y établir, particulièrement les plus jeunes travailleurs qui ne se voient pas retourner vers des métiers agricoles qu’ils n’ont, finalement, jamais exercés.

un groupe d’étudiants a offert à 200 travailleurs migrants une nuit d’hôtel en compagnie de leur douce lors de la St Valentin
Ce fossé social existant entre citadins et travailleurs peut également se mesurer au travers d’un écart salarial aujourd’hui 68% supérieur à celui observé en 1985, soit un ratio de 5 pour 1 en 2012. « L’an dernier, le salaire moyen d’un travailleur migrant en Chine s’élevait à 1690 yuans (200 euros), selon le gouvernement » peut-on lire sur LePoint.  Leurs droits violés, parfois impayés, la classe des travailleurs gronde depuis plusieurs années et des émeutes ont éclaté. Principale concernée, la province de Guangdong, cœur de « l’atelier du monde ».

Un dîner pour rassembler

Face à la poussée médiatique, aux mouvements de grève et aux déclarations de personnages importants - un think tank annonçant que si rien n’était fait pour intégrer les travailleurs migrant à la ville et pour instaurer leur respect, la Chine devrait bientôt faire face à une accumulation de conflits – le gouvernement de Hu Jintao a déclaré début 2012 une réforme du système « Hukou » dont les premiers effets devraient être visible d’ici 2015. D’ici là, l’idée originale et participative de la jeune Yang Pei a le temps d’évoluer. Elle espère qu’en passant du temps ensemble, les deux classes apprendront à mieux se connaître et se respecter, si ce n’est s’apprécier.

Plusieurs chefs d’entreprises ont déjà invité des travailleurs à dîner, un groupe d’étudiants a offert à 200 travailleurs migrants une nuit d’hôtel en compagnie de leur douce lors de la St Valentin (qui a lieu en août dans le calendrier chinois). A l’ère du web 2.0, l’action se développe aussi sur internet. Le site weibo.com a vu un officier de police lancer une invitation à dîner par un simple post.

Mais même si l’idée semble révéler l’âme sociale et solidaire de nombreux chinois, les (riches) opportunistes y voient déjà un nouveau moyen d’améliorer leur image auprès des investisseurs et du grand public et d’augmenter leur popularité auprès des travailleurs. Par exemple, Li Jiuxin, chef exécutif d’une agence d’emploi en ligne à Pékin et organisateurs de dîners déclarait au Financial Time avoir ainsi trouvé la solution pour fidéliser ses employés, les garder dans l’entreprise (la tendance étant au changement régulier de travail chez les migrants). Il conclut, non sans ironie, « faites-vous un ami d’un migrant, vous aurez un ami pour la vie. »

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