Qui gagnera le Grand Prix des Générations Futures 2012?

‘Envie d’énergie’

BeauVent est une association coopérative qui produit de l’électricité verte à partir du vent, du soleil et de la biomasse. En outre, à travers l’asbl ZonneWinDT, BeauVent sensibilise la population à une consommation énergétique durable et dispense des conseils à tous ceux qui veulent construire ou rénover. Son administrateur délégué, Niko Deprez, nous explique.

‘L’histoire de BeauVent a commencé quand trois hommes au foyer voulaient transformer, chacun de façon indépendante, leur maison en une maison économique en énergie. La consommation énergétique durable nous préoccupait et nous avions très envie, ‘goeste’, comme on dit ici en Flandre Occidentale, de choisir la solution la plus écologique possible. Les éoliennes de petite taille s’avéraient non rentables et à l’époque, les panneaux solaires étaient encore très chers. Suivant un modèle que nous avions vu à l’étranger, nous avons opté pour des éoliennes de grande taille.

Évidemment, ces grandes éoliennes produisaient une énorme quantité d’électricité et nous voulions la partager avec d’autres familles. La meilleure façon de le faire en évitant le schéma des sociétés classiques était de créer une coopérative. Aujourd’hui, nous sommes à peu près 2000 associés. Personnellement, je trouve que ce modèle coopératif est le principal atout de BeauVent. Toute installation énergétique, qu’il s’agisse d’éoliennes, de panneaux solaires ou de biomasse, devrait être accessibles à Monsieur-Tout-le-Monde. On peut réaliser beaucoup plus de choses que l’on imagine, surtout si lorsqu’on travaille en équipe. Dans cet esprit, nous voudrions aussi nous associer à d’autres coopératives. Produire de l’énergie durable dans un modèle de gestion coopérative, c’est l’avenir.

Nous ne sommes pas une société traditionnelle à but lucratif, comme le prouve notre projet de sensibilisation ZonneWinDT. Chaque associé reçoit un coupon qui donne droit à deux heures de conseils énergétiques. Un jour, un participant à l’une de nos conférences nous a traités de fous parce que nous produisons de l’énergie tout en sensibilisant les utilisateurs à une consommation la plus économique possible. Manifestement, cette personne n’avait pas compris notre logique.

Nous voulons continuer à concrétiser de nouveaux projets énergétiques avec BeauVent, mais j’espère aussi que notre modèle coopératif sera suivi par d’autres. BeauVent est la preuve qu’il est possible procéder autrement, également dans le secteur énergétique. C’est le message que nous voulons transmettre au reste de la société.’

‘Combiner pour innover’

Stebo se consacre depuis 1987 à la construction communautaire, à l’emploi et à l’entreprenariat dans le Limbourg. Au fil des années, l’organisation a fortement grandi, tout en se lançant dans une série de projets très divers. Et c’est là que réside la force de Stebo, selon, son directeur. Erwin De Bruyn.

‘L’innovation naît toujours en dehors des sentiers battus. Stebo est actif dans de nombreux domaines, ce qui facilite, notamment les relations entre la construction communautaire et l’énergie. Cela donne ensuite lieu à des approches nouvelles et créatives. Ces relations nous permettent aussi d’aborder les questions ou les problèmes des personnes dans leur intégralité.

En outre, nous nourrissons un lien particulièrement fort avec le monde local. Cela nous donne la force mobilisatrice nécessaire pour réaliser des projets innovants.

Notre coopérative d’activités constitue un bel exemple du chevauchement de domaines. Si quelqu’un veut ouvrir un commerce, nous mettons à sa disposition un magasin ou un bistrot pour qu’il teste son projet sans trop de risques. En même temps, cela nous permet de revitaliser une rue commerçante dégradée. Une façon de faire d’une pierre deux coups !

Stebo a traversé une période difficile lorsque l’organisation a perdu certaines subventions et agréments. A un moment donné, nous nous sommes même demandé si elle était encore viable. Mais la confiance en nos propres forces nous a permis de redémarrer et nous nous sommes spécialisés en tant qu’organisation de projets. Depuis lors, nous avons réussi à construire un modèle de financement qui ne dépend plus d’une seule source et nous nous sommes développés en passant d’une petite équipe de vingt collaborateurs à une organisation de 75 employés. Chaque année, nous touchons sept à huit mille personnes. Ce sont des chiffres dont pouvons être fiers !

Grâce à cette indépendance, nous avons une grande liberté d’action pour faire des choses auxquelles nous croyons vraiment. En plus, nous voulons investir dans des domaines qui, nous le pensons, gagneront en importance dans le futur. L’énergie, par exemple, ou l’intégration active des personnes âgées dans la société. Cette liberté procure une sensation fantastique.

Nous continuerons à nous concentrer sur le Limbourg, mais dans l’avenir, nous voudrions aussi nous ouvrir à des échanges internationaux. Globaliser, donc.’ 

‘Enjeu : l’agriculture urbaine’

Eco-Innovation a été créée par un groupe d’agronomes qui trouvaient que les nombreuses solutions disponibles aujourd’hui sont encore trop peu appliquées dans la pratique. L’agriculture urbaine, en particulier, a un potentiel énorme qui reste inutilisé, explique son directeur général, Frédéric Morand.

‘A Bruxelles, le manque de verdure est criant et les besoins en aliments de bonne qualité et en emplois sont importants. En même temps, la ville offre un grand potentiel. Beaucoup de terrains sont inutilisés et pourraient recevoir une affectation utile par le biais de l’agriculture urbaine. Cependant, les gens ne s’en rendent pas compte et les besoins réels restent flous. L’agriculture urbaine peut ici jouer un rôle-clé.

Les méthodes pour produire des aliments durables et augmenter la qualité de vie sont connues et nous savons qu’elles fonctionnent. Pourtant, des possibilités comme l’agriculture biologique et la production alimentaire en circuit court sont encore trop peu répandues.

Bruxelles a une riche tradition dans le domaine de l’horticulture et de la pisciculture, mais elle est complètement oubliée. En nous concentrant sur l’agriculture urbaine, nous voulons reprendre cette tradition. Or, il n’est pas évident de faire de l’agriculture dans la ville. Les terrains sont souvent très pollués et nous devons utiliser des bâches. Et il y a parfois des problèmes de vandalisme.

Beaucoup de projets sont valables sur le plan écologique et social, mais ils ne sont pas viables du point de vue économique. Nous voulons éviter ce problème. Par la vente de fruits et de légumes, nous espérons arriver à nous autofinancer. Sans oublier la composante sociale : la création d’emplois reste l’un de nos principaux objectifs.

Dans notre projet pilote ‘Pépinière de la Rosée’ à Anderlecht, des jardiniers professionnels et amateurs travaillent ensemble. Cela ouvre de nouvelles possibilités. Nous nous engageons aussi à former et à sensibiliser nos collaborateurs, et à impliquer les habitants et les associations du quartier dans nos projets.

Je suis convaincu que l’agriculture urbaine offre de grandes perspectives de croissance. Pour l’instant, deux nouveaux projets sont en chantier, dont un verger combiné à de l’horticulture. Il s’agit donc d’agroforesterie, encore un principe connu de longue date, mais trop peu appliqué.’

‘Le respect de la terre et de l’homme’

L’asbl Terre est l’aînée des nominés. Depuis 1949, l’organisation s’occupe de projets en Belgique en dans le Sud, l’accent principal étant toujours la création d’activités économiques, explique William Walters, administrateur délégué.

‘‘Terre se base sur deux principes : la neutralité du capital et la démocratie directe. Placé dans une asbl, tout le capital de Terre est géré en gardant à l’esprit les objectifs sociaux de l’organisation.

Tout aussi important est notre modèle de gouvernance. Les décisions sont prises par l’assemblée générale, où tous ceux qui le veulent et qui travaillent chez Terre depuis au moins un an, ont le droit de vote. Ce sont donc les ouvriers eux-mêmes qui déterminent comment nous faisons les choses. Et cela fonctionne.

Il faut dire que le fait d’appliquer un système où tout le monde a le droit de vote, nous cause des difficultés additionnelles. Ni l’Etat, ni les syndicats ne reconnaissent ce modèle. Pour l’instant, il y a des élections sociales, mais si tous les ouvriers avaient le même droit de parole dans la société, les élections seraient en fait inutiles. J’espère vivement que d’autres sociétés nous suivront et qu’elles appliqueront le même modèle. Cela nous rapprocherait de l’agrément. Cette nomination au Grand Prix des Générations futures pourrait contribuer à faire reconnaître notre modèle.

Nous employons toujours des personnes qui ont du mal à s’intégrer au marché du travail. Cela a toujours été l’approche de nos projets, tant ici que dans le Sud. En créant des activités économiques, nous essayons d’aider des régions à reprendre le dessus. En plus, le travail est la meilleure façon pour trouver une place dans la société, ce qui n’est pas toujours facile. Ici en Belgique, la main-d’œuvre non qualifiée a perdu sa valeur. La collection et le tri de fripes, par exemple, peut générer des emplois, mais il ne reste pratiquement plus de sociétés en Belgique qui le font encore.

Selon moi, notre grand atout est la façon dont nous nous organisons : un système entrepreneurial qui respecte l’homme et la nature, mais qui tient compte de la réalité économique.’