"In My Name" appelle à des cadres juridiques équitables

‘Nos refugiés à nous d’abord?’

UN Women/Aurel Obreja (CC BY-NC 2.0)

Réfugiés ukrainiens à la frontière avec la Moldavie

Dans l’Europe de 2022, même dans la mort, tout le monde n’est pas égal, écrivent les initiateurs de “In My Name”. Ils plaident pour des cadres juridiques équitables nécessaires à long terme. “Parce que ce que l’État belge prévoit aujourd’hui à juste titre pour les citoyens ukrainiens devrait s’appliquer à tous : attention, confiance de base, action rapide, clarté.”

Bonne nouvelle : le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi met tout en œuvre pour accueillir dans notre pays le plus grand nombre possible de personnes fuyant l’Ukraine. Elles peuvent compter sur une protection automatique d’un an, extensible à trois ans si nécessaire. Cet accord (européen) inconditionnel, sans procédure d’asile, est unique et sans précédent. Mais sur quoi se base-t-il?

Apparemment, la souffrance est mesurable sur une échelle.

“Nous avons le devoir moral d’aider et de faire preuve de solidarité”, a déclaré le secrétaire d’État dans De Zevende Dag. “Nous ne devons pas tarder à mettre à disposition un refuge sûr.”

Un demi-million d’Ukrainien.e.s ont déjà fui le pays vers l’Europe, et six à sept millions d’autres pourraient suivre. Une telle réponse humaine et directe aux personnes qui fuient la guerre doit être saluée. Les personnes dont la vie est menacée par la guerre méritent un refuge sûr ailleurs, un statut légal et une aide de base pour survivre. En cela, l’hospitalité de Mahdi suit l’esprit de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés de 1951 et du Protocole de New York de 1967. C’est un geste logique et humain.

Frontières sacrées

Toutefois, le contraste est troublant avec la réaction européenne envers de tant personnes démunies qui ont du quitter des zones de conflit turbulentes et qui sont “accueillies” à nos frontières extérieures par de hauts murs, des barbelés et une surveillance numérique dans laquelle l’UE investit des milliards. Les mêmes ministres européens de la migration qui accueillent aujourd’hui les Ukrainien.ne.s à bras ouverts se tenaient à la frontière entre la Lituanie et le Belarus en janvier dernier, en dégustant le nouveau parapet de la forteresse Europe. Fièrement, Mehdi a tweeté : “200 km de clôtures et 50% de haute surveillance caméra, d’ici la fin de l’année 500 km de clôtures et 100% de haute surveillance caméra”.

Un mur similaire est actuellement en cours de construction entre la Pologne et le Belarus, pour un coût de 350 millions d’euros : 5,5 m de haut, 186 km de long. Sur Facebook, le Premier ministre polonais a posté : “La frontière polonaise n’est pas seulement une ligne sur une carte. La frontière est sainte — le sang polonais a été versé pour elle! ». C’est précisément sur cette frontière sacrée qu’au moins 19 personnes ont été retrouvées mortes (gelées) depuis le début des travaux : des personnes originaires du Yémen, d’Irak et du Nigeria.

Apparemment, la souffrance est mesurable sur une échelle. Comme l’écrit la philosophe Judith Butler, certaines vies méritent d’être pleurées, tandis que d’autres peuvent être traquées, illégalisées, exploitées sur le marché du travail et laissées à la merci de la politique belge d’asile et de migration. Comme si un habitant de Kaboul avait moins de raisons humaines de fuir qu’un.e habitant.e de Kiev ?

Comme si notre “devoir moral d’aider” était aussi un interrupteur que l’on peut allumer et éteindre à volonté ? Alors que sous l’ancien secrétaire d’État Theo Francken, un projet de loi autorisait la police à faire une simple descente chez toustes celleux qui accueillent des personnes déplacées, le hashtag #PlekVrij (#EspaceLibre) appelle désormais les citoyen.ne.s à libérer des chambres pour les familles ukrainiennes. Il n’y a pas plus schizophrène que cela dans l’État belge.

Trouvez les dix différences

Une mère réfugiée avec son enfant et une mère réfugiée avec son enfant : cherchez les dix différences. La principale différence est claire : si la mère porte un foulard ou si l’enfant est moins blanche, elle aurait moins de chance d’entrer. Plusieurs Ukrainien.ne.s et résident.e.s en Ukraine noir.e.s témoignent aujourd’hui sur les médias sociaux de la façon dont iels ont été arrêté.e.s à la frontière polonaise, volé.e.s et abandonné.e.s à leur sort. La conclusion évidente va à l’encontre de toute convention internationale : notre politique d’asile européenne et belge est discriminatoire sur la base de la couleur et de la religion. Nos réfugié.e.s à nous passent avant tout le monde.

La décision véhémente de Mahdi rappelle presque “l’opération de sauvetage” controversée et très sélective de 1 500 chrétiennes et chrétiens de Syrie menée par Francken en 2015. Au même temps, les Afghan.ne.s n’ont pas pu compter sur la solidarité de Mahdi sur Twitter lors de la prise du pouvoir par les Talibans l’année dernière. À l’époque, il avait écrit, avec cinq collègues de l’UE, une autre lettre à la Commission européenne pour demander que les rapatriements forcés vers l’Afghanistan ne cessent pas : “L’arrêt des retours forcés envoie un mauvais signal et incite probablement encore plus de citoyen.ne.s afghan.e.s à quitter leur foyer.”

Celleux qui insinuent que fuir la guerre en Ukraine est en effet “quelque chose de différent” que de fuir un conflit armé en Afghanistan, doivent enfin invoquer le type de solidarité populaire historique que beaucoup méprisent aujourd’hui chez Poutine. Il s’agit d’une distinction peu différente de l’aryanisme latent dont un procureur ukrainien s’est fait l’écho sur la BBC : “Cette guerre est très émotionnelle pour moi, parce que je vois maintenant des Européens aux yeux bleus et aux cheveux blonds se faire tuer”. Dans l’Europe de 2022, même dans la mort, tout le monde n’est pas égal.

Pensez aux 23 000 personnes qui sont mortes en Méditerranée depuis 2014 à cause du régime frontalier européen. Le nationalisme de la Russie et le continentisme de l’UE ont peut-être des visages différents, mais des conséquences mortelles similaires.

#InMyName

Par conséquent, la préoccupation actuelle pour l’Ukraine ne devrait pas être une exception, mais devrait devenir la norme pour toustes celleux qui sont contraint.e.s de quitter leur patrie. Tant que cette égalité n’est pas atteinte, le régime d’accueil spécial de l’Europe n’indique pas l’hospitalité, mais la suprématie blanche. Une fois de plus, ce statut spécial pour les Ukrainien.ne.s confirme ce que 160 avocat.e.s belges spécialisé.e.s dans le droit de l’immigration ont dénoncé dans une lettre ouverte parue dans La Libre en décembre : notre politique de régularisation n’est que du vent.

Outre #PlekVrij, nous invitons donc toustes les citoyen.ne.s belges à soutenir #InMyName : un appel de plusieurs collectifs de concitoyen.ne.s sans-papiers à signer leur projet de loi citoyen sur inmyname.be pour une politique de régularisation plus claire et plus humaine pour toustes, sans distinction de couleur ou de religion. En atteignant 25 000 signatures, cette proposition sera discutée au Parlement fédéral. Nous pouvons donc nous attendre à ce que Sammy Mahdi et ses partenaires gouvernementaux l’adoptent rapidement comme elle n’atteint même pas la moitié de l’ampleur du décret spécial qui vient d’être adopté en urgence pour les Ukrainien.ne.s.

Devrons-nous donc espérer qu’à chaque crise, le secrétaire d’État se comporte en héro: “Tel ou tel groupe a désormais droit à notre accueil temporaire et exceptionnel”?

Non, nous avons besoin de cadres juridiques équitables pour le long terme. Ce que l’État belge offre aujourd’hui, à juste titre, aux citoyen.ne.s ukrainien.ne.s devrait s’appliquer à tout le monde : attention, confiance fondamentale, action rapide, absence d’ambiguïté. Si nous pouvons prendre en charge des millions de victimes de Poutine, nous devrions également être en mesure de garantir un avenir à quelques dizaines de milliers de concitoyen.ne.s sans papiers en Belgique. On dirait qu’il y a un #EspaceLibre.

In My Name, lancé par Shanthuru Premkumar, Rachida Aziz, Wouter Hillaert, Thomas Bellinck, Christophe Callewaert, Marios Bellas, Lotte Vrancken et des représentants du Collectif Zone Neutre, de la Coordination des Sans-Papiers Belgique et de L’Union des Sans-Papiers pour la Régularisation (USPR).

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