Bruxellois contre la crise du logement

En plein coeur de notre capitale se trouve une friche d’une superficie de 24 hectares, soit 32 terrains de football : le site de Schaerbeek-Josaphat. C’est l’occasion de prendre à bras-le-corps la crise du logement à Bruxelles. Le collectif Commons Josaphat a, quant à lui, saisi la balle au bond en proposant d’impliquer les Bruxellois dans la gestion de cette propriété publique. Mais gouvernement, promoteur immobiliers et citadins pourront-ils trouver un terrain d’entente ?

© Thierry du Bois

Rudi Vervoort : « Le quartier Josaphat accueillera des initiatives innovantes et originales. »

« L es habitants sont des experts de leur propre quartier, car leurs idées s’inspirent directement des besoins réels de la population. Qu’on les laisse donc collaborer avec les promoteurs immobiliers et les ministres », déclare An Descheemaeker, membre de Commons Josaphat. Un mouvement qui plaide en faveur d’une participation citoyenne autour des biens publics.

« Les habitants sont des experts de leur propre quartier. »

Le terrain Schaerbeek-Josaphat constitue l’une des dernières réserves foncières appartenant encore à la région de Bruxelles-Capitale. Rudi Vervoort, ministre-président de Bruxelles, souhaite utiliser cette zone comme levier pour lutter contre la crise du logement. Une crise qui s’est jusqu’à présent révélée l’un des défis majeurs à relever pour la région de Bruxelles-Capitale. C’est dans ce contexte que Commons Josaphat a adressé à Rudi Vervoort un éventail d’idées pondues par les Bruxellois eux-mêmes.

Le terrain Schaerbeek-Josaphat : 24 hectares de friche au beau milieu de Bruxelles.

Les Bruxellois et le bien commun

Le collectif Commons Josaphat part du principe que le secteur privé a trop souvent la mainmise dans la gestion des biens publics. Selon les membres de cette organisation, les biens publics doivent avant tout servir l’intérêt général.

Le collectif en question est né à l’occasion du Festival du Bien Commun. A l’issue du festival, un groupe de 150 passionnés s’était réuni autour du terrain Josaphat, avec pour objectif d’inciter le public bruxellois à partager des solutions alternatives. Cet appel a d’ailleurs été couronné de succès : les Bruxellois ont ainsi fait valoir plus de 45 idées pour l’avenir du terrain Josaphat.

Quelques exemples de propositions ? Grâce au village de l’artisanat, des artisans professionnels, disposant de leur propre atelier sur place, peuvent enseigner leur savoir-faire à des chercheurs d’emploi. Un projet de maison intergénérationnelle fait cohabiter des jeunes âgés de 19 à 30 ans et des aînés de plus de 60 ans. Encore un exemple pour la route : Josaphat fournit aux sans-abris un logement mobile et abordable jusqu’à ce qu’ils retrouvent une situation stable. Toutes les idées proposées sont recensées dans le site de Commons Josaphat.

L’organisation est ouverte à tout un chacun. Une seule condition est requise : l’esprit d’équipe. « Ce qui fait notre force, c’est que l’on vient tous d’horizons différents», affirme Philippe, lui-même chercheur. « Architectes, professeurs, militants et sociologues, tous contribuent au projet à leur manière, en fonction de leurs compétences. »

Assemblée générale de Commons Josaphat

Une crise du logement prégnante

44.000 Bruxellois figurent sur la liste d’attente pour un logement social.

« Le problème du logement se pose dans beaucoup de grandes villes. A Bruxelles, la gravité de la situation a pris une ampleur inquiétante. Les pauvres, dont la proportion va croissante, n’ont pas les moyens de payer les loyers en constante hausse dans notre capitale », déplorait le secrétaire d’Etat au logement, Doulkeridis, dans un entretien accordé à MO* l’année précédente. La région a beau multiplier les initiatives pour pallier le problème du logement, celui-ci n’en demeure pas moins lancinant. Entretemps, 44.000 Bruxellois figurent sur la liste d’attente pour un logement social.

En 2013, la région a ouvert une enquête chargée d’explorer différentes pistes sur le devenir du terrain Josaphat. Une occasion idéale de s’attaquer (en partie) à la problématique du logement. C’est maintenant ou jamais, car le nombre de réserves foncières détenues par la région a fondu comme peau de chagrin. En mars, le ministre-président Rudi Vervoort mettait sur la table le schéma directeur pour la zone Schaerbeek-Josaphat.

« L’objectif est de déployer sur le site l’ensemble des dispositifs publics en matière de logement, et d’exploiter leurs avantages respectifs », selon Vervoort. « Des habitations sociales de location pour satisfaire les besoins sociaux réels, le modèle du community land trust pour rendre les habitations d’achat accessibles aux habitants qui perçoivent un revenu social, des habitations d’achat mises à disposition par le Fonds du logement au profit des revenus modestes, et les habitations restantes réservées aux revenus moyens. »

Ces mesures gouvernementales manqueraient cependant leur cible, si l’on en croit Fouad Ahidar, chef de groupe sp.a au parlement de Bruxelles : « Le système de logement à Bruxelles est aligné sur les intérêts des propriétaires d’habitations et de logements sociaux. Dans ce contexte, les locataires ne bénéficient presque d’aucune protection, alors qu’ils constituent précisément le maillon le plus vulnérable. En effet, s’il y a bien un groupe susceptible de se retrouver sur la liste d’attente (qui s’allonge constamment) pour un logement social, c’est eux. »

Main dans la main ?

Au tout début, la communication entre Commons Josaphat et les autorités était partie du mauvais pied. De fait, le gouvernement voyait alors ce collectif citoyen comme un détracteur et un potentiel groupe d’occupation militant. Les membres de Commons Josaphat n’avaient pas tardé à réagir. De leur propre initiative, ils s’étaient fendus d’une lettre adressée à l’ensemble des partis politiques de Bruxelles. A la suite de quoi des responsables politiques, au rang desquels Rudi Vervoort, avaient pris la peine de recevoir plusieurs membres de l’organisation.

« La discussion a été positive », déclare Descheemaecker. « Nous avons pu expliquer que, loin de jouer le rôle d’opposant, nous avions l’intention de contribuer à la réussite de ce pari gagnant pour Bruxelles. »

« Les Bruxellois doivent se contenter de communiqués de presse à l’issue des réunions. »

La seule critique soulevée à l’égard du ministère concerne le déroulement à huis clos de toutes les discussions. « L’enquête publique survient une fois les décisions déjà prises, autant dire beaucoup trop tard. Les Bruxellois doivent alors se contenter de communiqués de presse à l’issue des réunions. Au final, les riverains ou Bruxellois n’ont pas vraiment leur mot à dire », assène Descheemaecker.

De son côté, Vervoort confirme que le dialogue est sur les bons rails. « Nous planchons déjà par ailleurs sur plusieurs pistes de collaboration, comme le développement de projets qui mobiliseraient temporairement certaines parties du terrain, jusqu’au lancement des travaux. Le quartier Josaphat accueillera des initiatives innovantes et originales. Plusieurs de ces initiatives sont d’ailleurs reprises dans le calendrier du projet. J’ai bien l’intention de porter une attention toute particulière aux idées mises en avant par l’Appel aux idées citoyen de Commons Josaphat. »

Article traduit du néerlandais par Julien-Paul Rémy.

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