Pakistan, Australie, Brésil… Le déluge a-t-il commencé?

Les derniers mois, notre climat semble avoir pris le mors aux dents. Est-ce le signe précurseur de calamités beaucoup plus graves? Et quelles sont les conséquences pour la planète et plus particulièrement pour les pays du Sud?

  • World Meteorological Organisation Les phénomènes climatiques extrêmes des dix dernières années World Meteorological Organisation

Un déluge en Australie, des coulées de boue gigantesques au Brésil, l’inondation la plus importante de l’histoire du Pakistan… Ces derniers temps, il y a incontestablement quelque chose d’anormal. A Cuba, on connaît ces caprices climatiques depuis plusieurs années, avec des périodes de sécheresse et de canicule anormales. Les ouragans de 2008 étaient aussi un signe évident. On a constaté des vents de 340 km par heure alors que d’habitude, ils restent bien en dessous de 290 km par heure. Les ouragans ont provoqué des dégâts inouïs, représentant 20% du PNB c’est-à-dire la richesse que le pays produit chaque année. Pour en savoir plus. http://cubanismo.net/cms/nl/shop/cuba-revolutie-met-een-groen-hart

Le prix des vivres représenterait également un problème majeur à l’échelle mondiale. Les Nations Unies mettent en garde contre un choc des prix de la nourriture. Les pays arabes essaient de contenir le prix des vivres. En Chine, la hausse des aliments de base fait monter l’inflation et en Inde, on craint des tensions sociales. Cuba est aussi passé par là. Une grande partie des denrées alimentaires est importée. Les dernières années, l’importation de vivres constitue une saignée importante pour le budget cubain.

Records climatiques dépassés

A première vue, il est difficile de voir un lien entre le déluge en Australie, les coulées de boue au Brésil, la révolte en Tunisie et le combat contre l’inflation en Chine. Mais réflexion faite, c’est quand même le cas et ce sera de plus en plus fréquent à l’avenir.

Commençons par le climat. L’année passée a été une année extrême. Le Pakistan a connu la plus grande inondation de son histoire. Le raz-de-marée a touché 84 des 121 provinces (districts) et plus de vingt millions de personnes. Moscou a vécu le mois le plus chaud de son histoire. La température a dépassé la moyenne de près de 8°. La Chine aussi a enregistré des records de chaleur. De plus, le pays a été touché par la plus grande inondation et coulée de boue de son histoire. Pour le Groenland, 2010 était l’année la plus chaude de son histoire. Un morceau de glace de 200 km2 – le plus grand jamais mesuré – s’est détaché du glacier Petermann. La région du Sahel et l’Afrique de l’Ouest ont été touchées par des pluies intenses. Au Bénin, des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison suite aux inondations.

L’année passée n’est pas une exception. Les dix années les plus chaudes se situent toutes depuis 1998. Les vingt dernières années, le niveau de la mer monte plus vite que jamais et deux fois plus vite qu’au vingtième siècle. La canicule de l’été 2003 était la plus chaude depuis 1540. La carte ci-dessus donne un aperçu des phénomènes climatiques extrêmes des dix dernières années.[1]

El Niño et La Niña

Les inondations récentes au Pakistan, en Chine, en Australie, aux Philippines, au Sri Lanka et en Afrique du Sud, tout comme les pluies abondantes au Venezuela, en Colombie et au Brésil ne sont pas des phénomènes isolés. Elles sont toutes provoquées par La Niña, la « Petite Fille », la petite sœur d’El Niño, mieux connue. Dans les deux cas, il s’agit de variations climatiques dans l’hémisphère sud autour du Pacifique. El Niño est le réchauffement des eaux de surface dans les parties centrale et est du Pacifique, qui se présente une fois toutes les sept ans. El Niño peut provoquer des pluies torrentielles et des coulées boueuses en Amérique latine, en même temps que de grandes sécheresses et des incendies de forêt de l’autre côté de l’océan. La Niña est un phénomène moins fréquent et représente presque l’inverse, un refroidissement des eaux de surface. Ce qui peut mener à des pluies torrentielles et des inondations.

El Niño et la Niña sont donc en quelque sorte des variations climatiques opposées. Les conséquences de La Niña sont en général beaucoup moins graves que celles de son frère. Il semble toutefois que c’est en train de changer. Au milieu de 2010, La Niña a refait surface, cette fois beaucoup plus intensément que d’habitude. La question s’est donc posée d’un lien entre le réchauffement climatique et le comportement de ‘Los Niños’. De nombreux climatologues estiment que c’est le cas, comme par exemple Kevin Trenberth, climatologue réputé. Selon lui, le réchauffement renforce l’impact aussi bien d’El Niño que de La Niña. Les eaux de l’océan étant plus chaudes, il y a plus d’eau qui s’évapore dans l’atmosphère, ce qui provoque davantage de pluies. Il constate également que les deux phénomènes se succèdent de plus en plus rapidement. C’était par exemple la cause du raz-de-marée au Pakistan. Le lien exact entre le réchauffement climatique et les deux variations climatiques doit encore être approfondi scientifiquement. [2]

Conséquences catastrophiques

Les conséquences directes des grandes variations climatiques sont désastreuses: des milliers de morts et des millions de personnes qui perdent leur maison. Selon Development Assistance Research Associates (DARA), un ONG prestigieux, 350.000 personnes meurent chaque année à cause du climat. Si rien n’est entrepris, le climat fera probablement 5 millions de victimes dans les dix années à venir, dont 99% dans le sud. [3] Voici probablement pourquoi on s’en préoccupe si peu dans nos régions.

Mais il y a aussi des conséquences indirectes profondes, notamment la hausse des aliments de première nécessité. En raison des températures plus élevées, des pluies abondantes et de la pénurie d‘eau, la production de vivres diminue. En même temps, la demande de certains produits alimentaires augmente dans les pays émergents très peuplés, comme l‘Inde et la Chine. La combinaison de ces deux facteurs fait monter en flèche les prix, qui atteignent à présent le niveau de 2008, lorsque des émeutes de la faim ont éclaté dans le monde entier. Suite à cette montée des prix de la nourriture, le nombre d’affamés a augmenté de plus de cent millions.[4] Les émeutes qui ont soulevé la Tunisie sont notamment liées à l’augmentation des prix de l’alimentation. Elles pourraient être le signe précurseur d’une série d’émeutes de la faim dans les pays du Sud, comme en 2008.

L’avenir

Et l’avenir? Jusqu’à présent, la plupart des études climatiques se limitaient à des pronostics pour cent ans. Une nouvelle étude importante établit des prévisions pour mille ans.[5] Un des constats est que le réchauffement des océans est encore plus difficile à renverser que celui de l’atmosphère. Cela signifie que l’impact du réchauffement climatique sur El Niño et La Niña ne cessera probablement d’augmenter. Même avec une émission zéro de CO2, la terre continuera de se réchauffer pendant mille ans, c’est ce qui ressort de cette étude qui fait autorité. Vers l’an 3000, la température de l’océan autour du pôle Sud aura ainsi augmenté de 5°C et le niveau de la mer de 4 mètres (!). Les îles, comme Cuba, sont évidemment les plus vulnérables. Les trois quarts des glaciers des Alpes auront disparu, avec toutes les conséquences sur l’approvisionnement en eau dans la région.

C’est une raison de plus pour prendre rapidement des mesures drastiques. Chaque année où nous attendons, nous réduisons la possibilité de maintenir la qualité de vie de la planète. Ce sera une course dramatique contre la montre. Chaque politicien devrait en faire une priorité absolue. Selon les mots de Fidel Castro lors du Sommet de la Terre en 1992 : « Les égoïsmes doivent cesser, les hégémonismes doivent cesser, l’insensibilité, l’irresponsabilité et le mensonge doivent cesser.  Demain il sera trop tard pour faire ce qu’on aurait du faire il y a longtemps. »[6]

 

Lisez également:

Vanbrabant I. & Demuynck K, Cuba. La révolution au cœur vert, Bruxelles 2010.

http://cubanismo.net/cms/fr/shop/cuba-la-revolution-au-coeur-vert.

Vandepitte M., ‘Le Nord, a-t-il abandonné le climat ?’,

http://cubanismo.net/cms/fr/articles/le-nord-t-il-abandonne-le-climat.

 

Notes

[1] Tous les chiffres ainsi que la carte proviennent de World Meteorological Organisation, Weather Extremes in a Changing Climate: Hindsight and Foresight, Zwitserland december 2010, http://www.wmo.int/pages/prog/wcp/documents/extremes.pdf.

[2] Reuters, 12 janvier, http://us.mobile.reuters.com/article/scienceNews/idUSTRE70B1XF20110112?c….

[3] DARA, Climate Vulnerability Monitor 2010. The State of the Climate Crisis, 2010, http://daraint.org/wp-content/uploads/2010/12/CVM1.pdf, p. 4.

[4] Financial Times 6 janvier 2011, p. 4 (grafiek) et 10 novembre 2009, p. 4.

[5] Gillett N., e.a., ‘Ongoing climate change following a complete cessation of carbon dioxide emissions’, Nature Geoscience, 9 janvier 2011.

[6] Discours prononcé à Rio de Janeiro à la Conférence de Nations Unies sur l’environnement et le développement, le 12 juin 1992, http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1992/fra/f120692f.html.

 

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