La période de sainteté de Tshisekedi appartient définitivement au passé

Nouvelle escalade de la violence dans la région des Grands Lacs

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Près d’un an après la passation de pouvoir pacifique de Kabila à Tshisekedi dont la communauté internationale a tant fait l’éloge, le boomerang revient de toute force en pleine face. Le Congo n’est pas entré dans un nouvelle ère. Il ne fait que s’enfoncer un peu plus dans un marécage de violence.

Le 30 octobre, le président a donné l’ordre d’une grande offensive qui mettrait une fois pour toutes un terme aux massacres que subit depuis déjà plus de cinq ans la population de Beni. Je l’ai déjà répété à mon grand désespoir : comment peut-on trouver normal qu’un pays n’ait toujours pas la moindre idée après cinq ans de l’identité et des motifs d’un réseau étendu de terroristes qui ont décimé la population agricole et ont dépeuplé les terres agraires ?

Même le prix Nobel Dr. Mukwege s’en mêle maintenant et appelle la communauté internationale à lancer une offensive militaire avec la force de l’opération Artemis initiée par la France début du siècle en Ituri. (N.d.T : où un conflit ethnique se jouait depuis 1999)

Manifestement, tout le monde s’en fiche de ces plus de deux mille femmes, enfants et agriculteurs.

Cela fait des années que je demande moi-même qu’une commission internationale indépendante examine qui est responsable de ces violences, mais manifestement, tout le monde s’en fiche de ces plus de deux mille femmes, enfants et agriculteurs que l’on taillade à coups de machettes et dont les photos sur Whatsapp nous donnent à chaque fois des hauts-le-cœur.

La voix la plus lucide aujourd’hui est celle du cardinal Fridolin Ambongo. Il déclare sans hésiter et sans trahir ses émotions : « Il y a une main noire qui vise à concrétiser le projet de balkanisation de la RDC. Je sais qu’il y a certaines autorités congolaises à Kinshasa qui sont impliquées dans ces tueries, même si elles font semblant de servir le pays, mais en réalité elles financent les groupes armés. »

En finir avec la MONUSCO

Ces deux dernières semaines, au moins quatre-vingts personnes ont été assassinées dans la région de Beni. Et encore 8 personnes dimanche soir à Masini, dans la partie nord de la ville de Beni. Cela fait déjà cinq jours que les jeunes descendent dans les rues pour protester vivement contre la situation. Ils débordent aujourd’hui de colère : ils ont d’abord incendié l’Hôtel de ville de Beni, puis ils sont entrés dans le camp des casques bleus de MONUSCO afin d’exiger leur retrait définitif du Congo. Ces « forces du maintien de la paix » ne servent en effet vraiment à rien. Leur présence ne change absolument rien. Des vidéos de Whatsapp montrent des jeunes partir du camp avec tout ce qui n’est pas trop chaud ou trop lourd. Demain, nous entendrons combien de vies humaines a coûté cette révolte. La période de sainteté de « Fatshi » est définitivement de l’histoire ancienne. La liste de victimes de sa politique s’allonge de jour en jour.

Il y aura des morts dans le camp des jeunes, des casques bleus, de l’armée et de la police. Seuls les « rebelles » de l’ADF-MTN, qui seraient définitivement exterminés, continuent à jouer de la lame. Il n’y a personne qui comprenne encore où l’on va. Il va falloir à Kinshasa cette fois-ci plus que des regrets de la Première dame.

Le danger d’une nouvelle épidémie du virus à Beni est réel

Il est également clair que la lutte contre le virus Ebola va à nouveau cesser. Les statistiques étaient pourtant finalement en bonne voie. Le danger d’une nouvelle épidémie du virus à Beni est réel, car des cas récents ont encore été observés et l’on ne pourra plus surveiller les contacts que ces personnes auraient éventuellement.

Demain, c’est au tour de Butembo de hurler sa colère. Normalement, j’aurais effectué le voyage de Kampala à Butembo, mais les jeunes ont interdit toute circulation, et vous présenter demain dans une voiture vous garantit une pluie de pavés. Ou votre véhicule sera incendié, comme la jeep des Nations unies aujourd’hui à Beni. Je préfère donc attendre d’abord les événements de demain.

Mouvements inhabituels

Je suis sur le chemin du retour d’Hanoi à Butembo. Le rassemblement international annuel des directeurs de Rikolto (qui sont à leur tour dans l’une des régions où l’on travaille) et du conseil d’administration au Viêtnam était très énergique : notre vision du rôle futur de l’organisation a réussi à s’harmoniser avec une grande unanimité et tout le monde est revenu vers sa région avec une image bien définie des points prioritaires et avec un grande motivation pour les exécuter. Mais j’avais à peine posé un pied sur le territoire ougandais que s’est immédiatement abattue la douche froide.

Alors que j’étais moi-même à une altitude de 12 km entre Addis Abeba et Entebbe, le Dornier 228 qui assure la liaison aérienne entre Beni, Butembo et Goma s’est écrasé peu après le décollage. Il y a seulement un survivant, les 16 autres passagers et les deux pilotes sont décédés. Si l’on compte les habitants de la maison sur laquelle l’avion s’est écrasé, cela fait 29 morts. Plusieurs passagers décédés étaient des proches. On dénombre parmi les victimes une collaboratrice de la coopérative de café Kawa Kabuya et sa petit fille de même pas neuf ans.

Deux vols sont organisés de Goma à Butembo le dimanche matin. J’ai déjà pris cet avion moi-même des dizaines de fois. Ted, le dirigeant de l’entreprise, est connu pour son engagement énorme et sa gestion consciencieuse de ses avions. Je ne peux pas croire qu’il aurait négligé ses avions, comme le prétendent les mauvaises langues. Mais j’ai eu la chair de poule quand j’ai entendu un témoignage d’un passager du premier vol de 8h30 :

« Le pilote Ted a fait rouler l’avion avec nous jusqu’à la piste de décollage, mais décide après 100 mètres de faire demi-tour et de retourner à son emplacement. Il a à nouveau éteint les moteurs et annoncé un problème qui devait être réparé. On nous a dit de retourner à la salle d’attente. Une demi-heure plus tard nous embarquons à nouveau et avons abandonné les passagers dans la salle d’attente pour le deuxième vol. La peur nous tenaillait au ventre pendant tout le vol ; sans prononcer un mot, chacun était plongé dans ses propres prières. Directement après l’atterrissage, le pilote Ted annonça le crash du deuxième avion, qui avait décollé peu après le nôtre. »

Des témoins oculaires ont confirmé que l’avion avait effectué des mouvements inhabituels avant qu’il ne s’écrase. Les passagers criaient encore très fort à l’aide avant que l’appareil ne s’enflamme et qu’ils ne meurent dans l’incendie. Cela n’empêcha pas que des brigands inconscients se sont mis immédiatement à piller. La pauvreté et l’éthique ne vont pas de pair. 

Statistiquement, il est presque impossible que deux avions d’une même compagnie soient déréglés au même moment.

Statistiquement, il est presque impossible que deux avions d’une même compagnie soient déréglés au même moment. On soupçonne fortement un acte de sabotage. Mais par qui et qui était la cible ? On ne le saura jamais, et encore moins si les responsables de ces milliers d’autres victimes innocentes seront un jour connues.

Dimension régionale

En l’an 2000, plus d’un millier de personnes sont mortes dans les combats entre le Rwanda et l’Ouganda à Kisangani. En 2005, l’Ouganda a été condamné à 10 milliards de dollars de dommages et intérêts. Cela n’a jamais eu de suite. Demain, les habitants de Kisangani descendront dans la rue pour protester contre un nouveau report des auditions publiques qui seraient organisées sur ce sujet après presque 20 ans. C’est ainsi que justice est faite ici.

C’est précisément cette dimension régionale qui plane encore aujourd’hui sur l’ensemble de la région comme une ombre pesante. Les choses vont encore très mal entre le Rwanda et le Burundi. Pas plus tard que la semaine dernière, il y a eu des combats dans la région frontalière, qui ont fait des morts. Les attaques contre les Banyamulenge à Minembwe au Sud-Kivu font partie de ce puzzle. À la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda également, des gens sont abattus par balles. Tant au Rwanda qu’au Burundi, les figures de l’opposition sont en train d’être éliminées. Une nouvelle flambée de violence régionale semble inévitable.

Kagame a accepté que les Tutsi de Rutshuru retournent du Rwanda surpeuplé au Bwisha avec leurs troupeaux, où ils vont trouver plus d’espace. Essaye-t-il de détourner l’attention de leur retour imminent ? En tout cas, il se prépare au pire. Son régime se durcit. Les réservistes sont mobilisés en masse, officiellement pour se défendre contre d’éventuels attaquants dirigés par son ancien allié, devenu rebelle, Kayumba Nyamwasa. Mais bien sûr, il ne communiquera jamais ses véritables intentions. Il ne l’a jamais fait et ne le fera jamais.

Cependant, une chose semble certaine : tout est lié. Le hasard n’existe pas dans les Grands Lacs. Sauf si c’était le volcan Nyiragongo qui ferait à nouveau parler de lui. Après tout, ça fait un moment, depuis sa dernière éruption. Et c’est à peu près la seule chose dont nous savons avec certitude que Kagame ne peut pas la contrôler.

Post-scriptum

Les protestations n’ont pas manqué leur effet. Le conseil national de sécurité de lundi soir a décidé d’installer un quartier général avancé de l’armée à Beni. Et les FARDC et la MONUSCO se sont engagées à collaborer désormais étroitement. Toutefois, ce n’est pas certain que cela va rassurer la population, qui ne fait plus confiance à certains généraux de l’armée nationale et qui continue à douter de l’engagement réel de la MONUSCO pour la sécurité de la population.

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